Symptômes fonctionnels et IRM de tenseur de diffusion
IRM cérébrale de tenseur diffusion et troubles neurologiques fonctionnels
Ou est-ce que les symptômes sont « dans la tête »… ou dans le cerveau ?
En tant que chiropracteur j’ai régulièrement affaire à des patients qui consultent pour des douleurs chroniques telles que les migraines, cervicalgies, lombalgies, et dans le domaine de neurologie fonctionnelle, des patients avec troubles de déséquilibre, commotion cérébrale, enfants avec troubles du développement, etc.
Malheureusement la douleur et les troubles du fonctionnement ne sont pas toujours bien compris par tous les praticiens. Combien de fois ai-je au affaire aux patients souffrant de douleurs lombaires qui en l’absence de pathologie observable sur une imagerie se sont entendus dire : “vous n’avez rien, c’est le stress ou c’est vos muscles qui sont contractés, et donc faites de la relaxation ou renforcez vos muscles”. C’est encore pire pour les gens qui souffrent de migraines, de vertiges et déséquilibres qui encore une fois en l’absence d’une pathologie se voient dire “c’est le stress, prenez des anti-dépresseurs” ! Or l’absence d’une pathologie observable sur une imagerie ne veut pas dire qu’il n’y a pas un problème de fonctionnement du système nerveux.
Depuis le début de ma pratique en tant que chiropracteur spécialisé en neurologie fonctionnelle, j’ai eu, grâce à Professeur Carrick avec qui j’ai fait ma spécialité et qui nous l’a enseigné, ce besoin d’aller au delà de ce qui est symptomatique ou pathologique et de perfectionner l’analyse fonctionnelle de ces patients an améliorant nos capacités d’observation et d’analyse et en m’équipant d’outils plus ou moins perfectionnés tels qu’outils d’analyse d’équilibre, de vidéonystagmographes, d’eye-tracking, de rythmicité et synchronisation cérébrale et d’outils de soins appropriés….
Examen clinique, eye-tracking et troubles d’équilibre et d’élocution
Je voudrais donc parler ici d’un patient de 64 ans qui m’a consulté il y a quelques semaines pour des troubles d’équilibre, incapacité partielle d’écriture, problèmes d’élocution,… qu’on va appeler Marc. Une personne adorable accompagnée de son épouse qui se présente en expliquant qu’il a du mal à articuler et à marcher. Il explique qu’en parlant, c’est comme s’il avait des cailloux dans la bouche, et qu’en marchant, c’est comme s’il avait bu.
L’examen clinique au cabinet montre en effet des troubles de coordination et d’équilibre qui pourraient être indicatifs de dysfonctionnements au niveau des nerfs périphériques mais aussi du système nerveux central notamment cérébelleux et cortical.
L’examen d’eye-tracking que vous pouvez voir ci-dessous montre des troubles sévères oculomoteurs qui sont aussi indicatifs de troubles fonctionnels des régions cérébelleux, pariétales et corticales.
Or même si les tous les spécialistes consultés jusque là remarquaient bien les problèmes de la marche et d’équilibre et d’élocution, et lui ont parlé de symptômes cérébelleux, personne ne savait pourquoi étant donné que les examens et imageries médicales ne montraient rien. Rien sur l’IRM cérébrale !
IRM cérébrale de tenseur de diffusion et analyse tractographique
J’ai donc demandé à Marc de faire un examen plus complexe, et donc plus rare qui s’appelle IRM cérébrale de tenseur de diffusion (et analyse tractographique) et tout naturellement une seule personne me vient à l’esprit, le Professeur Denis Ducreux, que j’avais rencontré il y a quelques années avec un ami neurochirurgien, et qui a non seulement la compétence pour faire une analyse complexe des imageries du cerveau mais qui a aussi inventé un programme d’analyse qui est unique dans son genre et qui facilite cette analyse. En plus de ça, une personne qui est passionnée par son travail et de l’avis de toutes les personnes qui l’ont rencontré a pris le temps de leur expliquer en détail les résultats des examens et même de donner des conseils pratiques pour les soins. Ce qui est au-delà de son travail en tant que neuro-radiologue…
Bref, l’analyse du professeur Ducreux a mis en évidence des lésions focales sur seize faisceaux majeures de fibres de substances blanches notamment au niveau des faisceaux arqués, des faisceaux fronts-occipitaux et des fibres cortico-ponto-cérébelleuses croisés qui expliquent les symptômes d’équilibre et d’élocution exprimés par Marc. Il est important encore une fois de se rappeler que l’IRM “normale”, souvent considéré comme l’outil par excellence pour voir ce qui se passe au niveau du cerveau ne montrait pas de lésion particulière et était dans les limites de la normal.
Jusque là, nous avions déjà obtenu des résultats satisfaisants quant à l’équilibre et à la parole en quelques semaines. En tout cas Marc et son épouse constatent une amélioration après les quelques semaines de soins de chiropraxie et de stimulations en neurologie fonctionnelle. Mais ce qui est extraordinaire c’est que d’une part ce que l’on observe par des examens cliniques et des outils déjà perfectionnés en neurologie fonctionnelle; qui permettent d’analyser et de traiter des troubles qui ne sont pas observables avec des imageries usuelles; puissent quand-même être observés et quantifiés avec des outils plus pointus et des connaissances qui ne sont pas utilisés communément et que ces patients qui se sont vu dire : “il n’y a rien sur vos imageries, c’est le stress ou c’est dans la tête…” ne doivent pas penser que quand on leur dit ça, que la messe est dite !
Tout ça pour montrer encore une fois que si une personne présente des symptômes, c’est qu’il y a une raison. Qu’un praticien peut, et je pense doit, améliorer son analyse et son traitement en permanence pour pouvoir aider les personnes qui souffrent parfois pour rien et qui se voient dire qu’ils n’ont rien de pathologique et que leur problème est psychologique ou dû au stress. Notre examen, aussi bien clinique qu’avec des outils diagnostiques, montraient bien des troubles de fonctionnement de certaines régions du cerveau de Marc. Mais ce n’est qu’une analyse détaillée et une technique pointue par le Professeur Ducreux qui a permis d’une part que Marc puisse déjà comprendre que ces problèmes ne sont pas “dans la tête” et sont bien réels et que d’autre part nous permette de mettre en place des thérapies spécifiques pour l’aider encore plus dans ce qu’il traverse. L’électro-stimulation, la photobiomodulation et toute la rééducation vestibulaire peut être encore plus spécifique si l’imagerie peut montrer très précisément les régions et les faisceaux affaiblis !
J’ai eu cette chance hier d’avoir le Professeur Ducreux à mon cabinet pour d’une part me montrer en détail les nuances de l’IRM cérébrale de tenseur de diffusion et l’analyse tractographique et le programme qu’il a inventé pour améliorer cette analyse et d’autre part de lui montrer ce que l’on fait en chiropraxie et en neurologie fonctionnelle au sein du cabinet pour les patients souffrant de traumatisme crânien, d’AVC, de troubles du développement,… qui pourraient bénéficier d’une tel outil diagnostic et d’une prise en charge ciblée en neurologie fonctionnelle.
Quel dommage que ce genre d’analyse qui peut cibler plus précisément les maux dont souffrent tant de patients qui ne sont pas considérés “pathologiques” (comme Marc qui a eu un diagnostic de syndrome cérébelleux « sans maladie particulière ») ne soit pas plus généralisé et pas prise en charge par la Sécurité Sociale.