Raideur et douleur cervicale, le traitement cérébelleux du mouvement et de la cognition et le rôle de la Chiropraxie
Raideur et douleur cervicale légère :
On pourrait penser qu’il s’agit de problèmes relativement inoffensifs pour lesquels il suffit de prendre un médicament ou attendre qua ça se passe. Beaucoup de gens pensent même pouvoir se passer d’une visite chez un chiropracteur jusqu’à ce que le problème devienne plus sévère.
Il devient de plus en plus évident que la douleur ne devrait pas être le seul critère pour s’occuper de ces problèmes cervicaux. Des études récentes indiquent que la douleur cervicale même légère peut influencer la capacité à percevoir ses articulations dans l’espace (proprioception dans les membres supérieurs), le traitement moteur cortical et cérébelleux, et les temps de réponse mentale pour les tâches de rotation complexes.
De même, il existe des indications que les soins chiropratiques (manipulations vertébrales) ont un rôle à jouer dans la restauration d’un fonctionnement du cerveau optimal pour les personnes souffrant de douleurs cervicales.
La première de ces études, a été publiée en 2011. Elle offrait deux indications cliniquement significatives : la première étant que la douleur et raideur cervicale légère altéraient la capacité du cerveau à percevoir la position des membres supérieurs. En d’autres termes, les personnes souffrant de douleurs cervicales même légères ont du mal à percevoir la position exacte de leur bras dans l’espace.
En outre les résultats montraient que la manipulation chiropratique de la colonne cervicale entrainait une diminution significative des erreurs variables et absolues [1]. C’est-à-dire que les patients montraient une meilleure précision proprioceptive des membres supérieurs après les soins chiropratiques.
D’autres études indiquent que la douleur et raideur cervicale peuvent influer sur de nombreux autres domaines de la santé. Ceux-ci incluent bien entendu la mobilité et l’amplitude de mouvement, mais aussi la capacité cognitive. Ce dernier point a été couvert dans un article paru dans le Journal of Pain and Relief et présenté à la Conférence Internationale sur la Recherche et la Gestion de la Douleur à Vancouver en 2016 [2].
Altération des capacités cognitives
L’étude était une étude longitudinale qui a révélé que la douleur et raideur cervicale légère altèrent les capacités cognitives, mais que cela peut être amélioré par des interventions chiropratiques [2].
L’étude portait sur 42 sujets âgés de 18 à 45 ans. 24 d’entre eux avaient des douleurs et raideur cervicales et les autres ont été utilisés comme groupe témoin en bonne santé. Chaque groupe a effectué 3 tests cognitifs (un test intra / extradimensionnel, un traitement visuel rapide et un test spatial) et ont été testés avant et après 4 semaines. Pendant ce temps, le groupe expérimental a reçu des soins chiropratiques.
Les chercheurs ont constaté une différence significative entre les groupes après les quatre semaines. Les résultats indiquaient que la douleur et raideur cervicale légère réduisaient le processus cognitif et supposent que cela pourrait «augmenter les erreurs au travail, affectant la sécurité et la productivité [2].» Bien que la taille de l’échantillon et le double aveuglement de la recherche laissaient à désirer, les résultats étaient remarquables.
Cette étude n’a pas été la première à montrer que les soins chiropratiques pouvaient avoir un impact sur les fonctions cognitives. Une étude de 2013 a montré des changements dans le traitement de la motricité corticale et cérébelleuse chez des patients atteints de raideur et douleurs cervicales légères suite à des manipulations vertébrales [3]. Les chercheurs ont mesuré «l’inhibition intracorticale à interval court, l’inhibition intracorticale à interval long et l’inhibition cérébelleuse» en utilisant la stimulation magnétique transcrânienne, et cela pour le groupe expérimental ainsi qu’un autre groupe témoin de 10 volontaires [3].
Qu’est-ce que ces trois mesures signifient? Essentiellement, tous les trois influencent l’équilibre, le contrôle musculaire et l’intégration cortical. Mais un fait neurologique moins connu est que le cervelet a aussi un impact sur la cognition. «Un modèle théorique actuel suggère que le cervelet module l’activité et facilite l’apprentissage par la formation de schémas internes et de connexions réseau qui dictent les mouvements nécessaires à l’exécution d’une tâche», ont écrit les auteurs Daligadu et al. C’est un exemple de projections fonctionnelles du cervelet au-delà du simple contrôle du mouvement et de l’équilibre.
L’étude a montré que suite à des soins chiropratiques il y avait bien des changements dans la modulation cérébelleuse du contrôle moteur chez les patients souffrant de raideur et douleurs cervicales légères. Cela a conduit les chercheurs à spéculer que cela pourrait être dû à une modification de l’intégration sensorimotrice (comme proposé par d’autres recherches de Dr Heidi Haavik et Bernadette Murphy [4]).
Les résultats étaient significatifs, indiquant que «la manipulation du rachis cervical dans un groupe de patients souffrant de raideur et douleur cervicale légère conduit à un modèle de modulation cérébelleuse plus semblable à un groupe sans douleur cervicale (groupe “normal”) [3]. » Il a indiqué que la normalisation des afférences du cou pourrait restaurer « un schéma de corps interne plus correct qui permettait une intégration sensorimotrice correcte et une projection motrice normalisée” [3].
En d’autres termes suite aux manipulations chiropratiques, le cervelet recevait et envoyait les informations de manière normale comparé à son travail avant les soins chiropratiques.
L’ensemble de données complet vaut vraiment la peine d’être lu [3], mais c’est certainement un indicateur encourageant de la puissance de l’ajustement chiropratique, même lorsqu’une condition reste subclinique (le patient n’a pas encore assez mal pour consulter).
Dans une autre étude longitudinale parue en 2015 les volontaires ont été présentés avec un objet sur un écran d’ordinateur, qui était soit dans une position normale ou position inversée. Les volontaires devaient appuyer sur des boutons correspondants selon la position de l’objet.
L’étude a montré que «les participants en bonne santé ont obtenu de meilleurs résultats que le groupe souffrant de raideur et douleurs cervicales légères. L’étude a montré que les raideurs et douleurs cervicales légères peuvent altérer la capacité d’une personne à effectuer une «tâche complexe de rotation mentale impliquant des connexions cérébelleuses, probablement en raison d’un schéma corporel altéré».
Ce n’est pas la première fois qu’une étude met en évidence une altération de la conscience kinesthésique chez les personnes souffrant de cervicalgie légère. Il est également facile d’émettre des hypothèses sur la façon dont cela pourrait s’appliquer à la conscience spatiale.
Les auteurs de l’étude ont remarqué que «l’implication du cervelet dans la rotation mentale est intéressante d’autant plus qu’une une étude antérieure a montré que la manipulation cervicale améliorait la capacité de rotation mentale chez les individus souffrant de problèmes cervicaux [5]. »
Cette étude, dans laquelle le groupe expérimental a reçu des soins chiropratiques (un ajustement cervical supérieur) a montré des différences significatives par rapport au groupe de contrôle qui n’a pas reçu d’ajustement chiropratique. Plus précisément, le temps de réaction du groupe expérimental a été amélioré de 14,9% par rapport au groupe de témoins pour qui l’amélioration n’était que de 8%.
Il serait long de faire une analyse en profondeur de toutes les recherches reliant les interventions chiropratiques aux améliorations de l’intégration ou du contrôle sensorimoteur. Cependant une chose devient de plus en plus certaine : la raideur et douleur cervicale légère affecte plus que juste l’amplitude du mouvement, la douleur ou la raideur. Si quelqu’un accorde de la valeur à son contrôle moteur du cerveau ou à son agilité mentale, un voyage chez le chiropracteur pourrait être avantageux si c’est fait tôt, dès que la nuque devienne raide et avant que les douleurs et dysfonctionnements deviennent plus importants.
Au fur et à mesure que notre compréhension des effets de la subluxation vertébrale augmente, nous pouvons espérer mieux comprendre les mécanismes sous-jacents ainsi que les améliorations potentielles qui pourraient résulter du travail du chiropracteur.
Traduit de l’article original publié par la Fondation de Recherche Australienne sur la Colonne Vertébrale
NDLR : Dans notre cabinet, pour les patients consultant pour des problèmes de vertiges, déséquilibre, dyspraxie visuo-spatiale l’analyse chiropratique est complétée par une analyse détaillé du fonctionnement du système nerveux tant au point de vue visuel que vestibulaire et proprioceptif pour permettre de déterminer de façon précise l’origine des problèmes et d’y remédier par des soins de chiropraxie et diverses stimulations et exercices.
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References :
[1] Haavik H, and Murphy B (2011), “Subclinical Neck Pain and the Effects of Cervical Manipulation on Elbow Joint Position Sense,” JMPT Vol 34, Iss 2, Feb 2011, pp. 88-97, https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2010.12.009
[2] Luke M (2016), “Subclinical neck pain impairs cognitive ability which can be improved by chiropractic treatment: a four week longitudinal study with a healthy control group comparison,” Journal of Pain and Relief, DOI: 10.4172/2167-0846.C1.012, https://www.omicsonline.org/proceedings/subclinical-neck-pain-impairs-cognitive-ability-which-can-be-improved-by-chiropractic-treatment-a-four-week-longitudinal-53861.html)
[3] Daligadu J, Haavik H, Yielder P, Baarbe J, and Murphy B (2013), “Alterations in Cortical and Cerebellar Motor Processing in Subclinical Neck Pain Patients Following Spinal Manipulation,” JMPT Vol 36, Iss 8, October 2013 pp. 527-537, https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2013.08.003
[4] Haavik H, Murphy B (2012), “The role of spinal manipaultion in addressing disordered sensorimotor integration and altered motor control,” J Electromyogr Kinesiol, 22(2012) pp.768-776).
[5] Baarbe J, Holmes M, Murphy H, Haavik H, Murphy B (2016), “Influence of Subclinical Neck Pain on the Ability to Perform a Mental Rotation Task: A 4-week Longitudinal Study with a Healthy Control Group Comparison,” JMPT Vol. 39, Iss. 1, Jan 2016 pp. 23-30, https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2015.12.002
[6] Kelly D, Murphy B, and Backhouse D (2000), “Use of a mental rotation reaction-time paradigm to measure the effects of upper cervical adjustments on cortical processing: a pilot study,” JMPT, 23(2000), pp.246-251, DOI: https://doi.org/10.1067/mmt.2000.106099