Traitez efficacement la douleur lombaire et préservez votre cerveau
La lombalgie chronique est associée à une atrophie de certaines parties du cerveau
Le hasard fait qu’hier j’avais posté une étude qui montrait la satisfaction auprès des seniors des soins de Chiropraxie pour les maux de dos (que vous pouvez retrouver ici). Aujourd’hui je suis tombé sur cette étude qui vient confirmer des études précédentes sur l’influence de la douleur chronique notamment douleurs lombaires chroniques sur le cerveau !
Est-ce que la douleur chronique est associée à une atrophie du cerveau ?
La lombalgie chronique est associée à des réductions du volume cérébral dans les zones impliquées dans le traitement de la douleur, rapporte une très récente étude publiée dans PAIN, la publication officielle de l’Association internationale pour l’étude de la douleur.
« Ces résultats suggèrent que la lombalgie chronique est lié à des volumes cérébraux plus faibles dans les régions liées à la douleur, non seulement chez les patients cliniques souffrant de douleur intense, mais également dans la population générale souffrant de douleurs lombaires chroniques », selon le rapport de Mao Shibata, MD, PhD, et ses collègues de l’Université de Kyushu, Japon.
L’atrophie cérébrale dans les régions liées à la douleur semble spécifique à la lombalgie chronique. Dans le cadre d’une étude japonaise, les chercheurs ont analysé les imageries cérébrales (IRM) de 1 106 participants âgés de 65 ans ou plus. Sur un questionnaire d’étude, 17,1 % des participants ont déclaré avoir une lombalgie chronique, définie comme une douleur lombaire présente depuis 3 mois ou plus. Les autres participants n’ont signalé aucune douleur chronique ou ont déclaré des douleurs chronique dans des zones autres que le bas du dos. Les personnes âgées atteintes de lombalgie chronique avaient aussi des niveaux d’éducation inférieurs, des taux plus élevés d’hypertension artérielle et de symptômes de dépression, et faisaient moins d’exercices réguliers.
Quels sont les zones du cerveau touchés par la lombalgie chronique ?
En analysant les IRM, les chercheurs se sont concentrés sur 10 zones cérébrales présentant des preuves d’implication dans le traitement de la douleur. La présence de la lombalgie chronique était liée à une réduction du volume cérébral (atrophie) dans 4 des 10 zones – le cortex préfrontal ventrolatéral, le cortex préfrontal dorsolatéral, le cortex cingulaire postérieur et l’amygdale – par rapport aux participants sans douleur chronique. De plus, un « cluster significatif » (le gyrus frontal supérieur gauche) avec un volume cérébral réduit a été identifié dans un échantillon relativement important.
Pour les personnes âgées souffrant de douleur chronique dans d’autres zones que les lombaires, les volumes cérébraux régionaux dans les zones liées à la douleur n’étaient pas différents de ceux des sujets sans douleur chronique. Parmi les participants atteints de lombalgie chronique, ceux souffrant de douleurs plus intenses avaient des volumes cérébraux plus faibles dans les zones liées à la douleur, ce qui suggère un effet « dose-réponse ».
D’autres études confirment le lien entre douleur chronique et atrophie du cerveau
La lombalgie chronique est un problème très courant et la principale cause d’incapacité. Pourtant, environ 90 % des patients atteints de lombalgie chronique ne peuvent identifier aucune cause ou origine spécifique claire de leur douleur. Un nombre croissant d’études suggèrent que la lombalgie chronique est associée à des volumes cérébraux plus faibles dans les zones cérébrales liées à la douleur. Une des premières études, que j’ai souvent citée à mes élèves, était celle d’Apkarian en 2004, qui montrait une association entre douleurs du dos chronique et atrophie cérébrale au niveau du cortex préfrontal et thalamus. Les chercheurs avaient ainsi émis l’hypothèse que l’atrophie des circuits cérébraux impliqués dans la perception de la douleur peut dicter les propriétés de l’état douloureux, de sorte qu’à mesure que l’atrophie des éléments des circuits progresse, l’état douloureux devient plus irréversible et moins sensible au traitement.
Une autre étude parue en 2018, montrait cette même relation entre les anomalies cérébrales structurelles chez 30 patients atteints de l’arthrose du genou souffrant de douleurs au genou. Les chercheurs avaient détecté que les patients souffrant de douleurs de genou présentaient des diminutions significatives de la matière grise (notamment dans le cortex frontal orbital bilatéral, le cortex préfrontal latéral droit et les cortex précentral et postcentral) par rapport aux témoins sains.
La nouvelle étude japonaise ajoute de nouvelles preuves d’atrophie dans les zones cérébrales liées à la douleur dans un vaste échantillon de population, avec divers degrés de gravité de la lombalgie chronique ou d’autres types de douleur chronique. Les chercheurs soulignent que les participants à l’étude n’avaient pas nécessairement recherché de traitement pour la lombalgie chronique. C’est une nouvelle découverte, car la plupart des études précédentes se sont concentrées sur des patients recevant des soins pour des douleurs chroniques sévères.
La bonne nouvelle ? La Chiropraxie est efficace pour les lombalgies chroniques !
Même si cette étude ne donne pas plus d’informations sur les implications à long terme de ces atrophies, d’autres études tendent à montrer que le traitement efficace de la douleur et des causes de la douleur pourraient inverser la tendance. Par exemple une étude en 2010 montrait que la matière grise dans le thalamus revenait à la normale après une opération de la hanche pour des patients souffrant de douleur de hanche. Une autre étude en 2015 a montré que la connectivité fonctionnelle et la substance blanche dans l’insula étaient normalisées après le traitement, et que le degré de connectivité fonctionnelle altérée dans l’insula et le cortex préfrontal dorsolatéral était significativement corrélé à la réduction de la douleur chez les patients souffrant de lombalgie chronique.
Il faut néanmoins prendre en compte le principe de plasticité cérébrale qui fait que plus tôt un changement et une rééducation a lieu, plus il est possible (ou facile) de changer le fonctionnement et l’état des cellules nerveuses. Et plus le problème persiste, plus il sera difficile et long.
Or les soins de Chiropraxie ont été reconnus efficaces pour les lombalgies chroniques par de nombreuses études. C’est donc logiquement qu’on peut penser qu’en enlevant les blocages vertébraux et les irritations nerveuses et en diminuant ou supprimant la douleur, que ces soins pourraient avoir un effet récupérateur sur ces zones du cerveau !
Références :
Asada M, Shibata M, Hirabayashi N, Ohara T, Furuta Y, Nakazawa T, Honda T, Hata J, Hosoi M, Sudo N, Yamaura K, Ninomiya T. Association between chronic low back pain and regional brain atrophy in a Japanese older population: the Hisayama Study. Pain. 2022 Mar 15.
Apkarian AV, Sosa Y, Sonty S, et al. Chronic back pain is associated with decreased prefrontal and thalamic gray matter density. J Neurosci. 2004;24(46):10410-10415.
Liao X, Mao C, Wang Y, Zhang Q, Cao D, Seminowicz DA, Zhang M, Yang X. Brain gray matter alterations in Chinese patients with chronic knee osteoarthritis pain based on voxel-based morphometry. Medicine (Baltimore). 2018 Mar;97(12):e0145.
Buckalew N, Haut MW, Morrow L, Weiner D. Chronic pain is associated with brain volume loss in older adults: preliminary evidence. Pain Med. 2008 Mar;9(2):240-8.
Gwilym, S. E., Filippini, N., Douaud, G., Carr, A. J., and Tracey, I. (2010). Thalamic atrophy associated with painful osteoarthritis of the hip is reversible after arthroplasty: a longitudinal voxel-based morphometric study. Arthritis Rheum. 62, 2930–2940.
Ceko, M., Shir, Y., Ouellet, J. A., Ware, M. A., Stone, L. S., and Seminowicz, D. A. (2015). Partial recovery of abnormal insula and dorsolateral prefrontal connectivity to cognitive networks in chronic low back pain after treatment. Hum. Brain Mapp. 36, 2075–2092.