Covid-19 forme longue durée et troubles neurologiques

Le coronavirus – covid-19 – peut endommager le cerveau et le système nerveux

Certains patients « guéris » du virus continuent à avoir des symptômes neurologiques

Comme j’en avais parlé dans un autre article sur mon blog, certaines personnes atteintes du coronavirus développent des symptômes neurologiques. En dehors des cas urgents qui ne sont pas de mon domaine, je vais essayer de résumer ce qui se passe pour des personnes qui ont été infecté par le virus et qui ont eu leur vie chamboulée depuis.

Cette semaine j’ai été interviewé par Mme Anne Laure Dagnet, journaliste santé de France Info (interview audio en bas de la page) sur ce qui se passe chez les personnes ayant été infecté au début de la pandémie mais qui continuent à avoir encore des symptômes neurologiques depuis plusieurs mois. Je ne suis pas un expert en virologie, mais beaucoup de mes patients me consultent pour des trouble similaires tels que les vertiges, douleurs chroniques, céphalées, fatigue et dysautonomie. Leur nombre n’est pas précis, mais certains estiment qu’entre 5 à 15% des personnes ayant été infectées par le coronavirus présentent encore des symptômes neurologiques. Il est à noter que beaucoup de ces personnes n’ont pas eu la forme grave de l’infection et n’ont pas eu une hospitalisation. D’autre part, ceux que j’ai vu et ceux avec qui j’ai communiqué ne faisaient pas nécessairement partie de la population à risques (personnes âgées, maladies pré-existantes,…) et avaient entre 40 et 50 ans…

Les symptômes neurologiques présents chez les patients atteints de covid-19

Les symptômes et leur gravité sont très variés d’un patient à l’autre mais sont ceux souvent cités sont :

  • fatigue extrême
  • maux de tête
  • désorientation
  • déséquilibre
  • problèmes de marche
  • problèmes de mémoire
  • confusion
  • névralgies
  • engourdissements
  • psychoses
  • convulsions et AVC dans les cas graves

Symptômes de dysautonomie

J’ai aussi constaté que presque tous les patients que j’ai eu au cabinet avaient des symptômes similaires aux patients que j’ai eu auparavant avec troubles de dysautonomie (tels que le syndrome de tachycardie orthostatique posturale ou STOP) avec des signes de tension artérielle basse et une augmentation excessive de battements cardiaque en passant de la position allongée à debout ou avec une activité physique plus ou moins soutenue. Ce qui provoquent une fatigue extrême suite à une activité quotidienne.

Qu’est-ce qui se passe dans le système nerveux d’une personne atteinte de covid ?

Il est bien difficile aujourd’hui d’avoir une explication exacte. Pour cela je vous retranscris un petit résumé d’un article parue le 15 septembre dans le prestigieux journal scientifique Nature :

Dans un article paru en juin (dans Lancet), une équipe a analysé les détails cliniques de 125 personnes au Royaume-Uni atteintes de covid-19 qui avaient des effets neurologiques ou psychiatriques. Parmi ceux-ci, 62% avaient subi des dommages à l’approvisionnement en sang du cerveau, tels que des accidents vasculaires cérébraux et des hémorragies, et 31% avaient des états mentaux altérés, tels que confusion ou perte de conscience prolongée – parfois accompagnés d’encéphalite (gonflement du tissu cérébral). Dix personnes qui avaient des états mentaux modifiés ont développé une psychose.

Une étude similaire publiée en juillet (dans Brain) a compilé des rapports de cas détaillés sur 43 personnes souffrant de complications neurologiques du covid-19. Les effets neurologiques les plus courants sont les accidents vasculaires cérébraux et l’encéphalite. Cette dernière peut dégénérer en une forme sévère appelée encéphalomyélite aiguë disséminée, dans laquelle le cerveau et la moelle épinière deviennent enflammés et les neurones perdent leur revêtement de myéline – conduisant à des symptômes ressemblant ceux de la sclérose en plaques. Certains des patients les plus touchés d’un point de vue neurologiques n’avaient que des symptômes respiratoires légers. C’était le cerveau qui était le plus touché chez eux.

Les complications moins fréquentes comprennent les lésions nerveuses périphériques, typiques du syndrome de Guillain-Barré, et ce que Zandi appelle «un méli-mélo de choses», comme l’anxiété et le trouble de stress post-traumatique.

Cependant, la question la plus urgente pour de nombreux neuroscientifiques est de savoir pourquoi le cerveau est affecté. Bien que le schéma des troubles soit assez cohérent, les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore clairs.

Il existe des preuves claires que le SRAS-CoV-2 peut infecter les neurones.

En effet, plusieurs études ont montré que le virus peut être présent dans le cerveau en traversant probablement la barrière hémato-encéphalique (la barrière qui protège le système nerveux central et le sépare de la circulation sanguine). De même il a été démontré que le virus peut directement tuer des neurones et réduire la formation des synapses entre eux. Mais ce qui intrigue les chercheurs, c’est que la quantité de virus détectée dans le cerveau des personnes décédées étaient minime et très probablement insuffisant pour provoquer ces symptômes.

Comme je l’ai cité plus haut, l’inflammation du cerveau (encéphalite) et/ou de la moelle épinière a été constatée chez certains patients et qui peuvent être due à une réponse exagérée et non controlé du système immunitaire face au virus. Pour résumer, à l’extrême, le système nerveux joue lui-même un rôle dans le contrôle du système immunitaire pour déclencher ou accélérer la réponse immunitaire et pour arrêter ou calmer la réponse immunitaire après l’élimination du danger. Si le système immunitaire n’est pas bien contrôlé, il peut commencer à s’attaquer à d’autres tissus tels que les tissus nerveux, tissus musculaire, et provoquer ces inflammations et les symptômes observés. Comme nous l’expliquait Pr Vojdani à une conférence il y a quelques années, c’est comme suite à une invasion à une frontière, le gouvernement envoie l’armée, qui une fois éliminé l’intrusion, ne rentre pas dans ses casernes et commence à s’attaquer aux villages alentours et aux villageois.

Comment aider les personnes atteintes de la forme longue de covid ?

Je n’ai pas toutes les réponses. Mais j’essaie d’apporter une combinaison de soins chiropratiques et de méthodes de stimulations et d’exercices en neurologie fonctionnelle pour aider les symptômes sur lesquels j’ai l’habitude de travailler tels que les troubles de déséquilibre, les douleurs articulaires et musculaires, les migraines et maux de tête, les névralgies, et les symptômes liés à la dysautonomie. Mon expérience et celui d’autres praticiens en neurologie fonctionnelle montrent qu’avec les patients souffrant de dysautonomie et de syndrome de Stop, il vaut mieux stimuler et rééquilibrer le système nerveux que de vouloir rééduquer directement le système musculaire et articulaire qui peuvent être trop fatigant et avoir un effet contre-productif.
Pour cela dans mon cabinet, on utilise différents formes d’exercices et de stimulations non invasives, que ce soit de la neuro stimulations, de la photobiomodulation accompagnées ou non d’exercices vestibulaires, oculomoteurs-moteurs,… et de conseils en nutrition pour aider progressivement ces patients à récupérer.

 

Reportage d’Anne Laure Dagnet de France Info, diffusé le 24 septembre 2020

L’intégralité de l’interview d’Anne Laure Dagnet (avec son aimable autorisation) : 

Références :

Leave a reply